Lettre à Nicole NOTAT: Pour que la santé du jour d’après marche sur ses 2 jambes

À Madame Nicole Notat .

Vous ne connaissez pas sans doute les moyens du syndicalisme médical qui n’a pas les moyens d’avoir de permanents et encore moins les moyens d’avoir, juristes et communicants. Pour chaque réunion nous annulons nos consultations. C’est pourquoi nous avons mal vécu l’organisation de ce Ségur de la Santé avec des ateliers supprimés et d’autres rajoutés au dernier moment. La cerise sur le gâteau ayant été l’annulation du Ségur National prévu le 11 juin alors que nous devions y faire un bilan à mi chemin.

Personnellement je suis très inquiet de l’orientation très hospitalière, et s’il paraît normal de revaloriser le salaire des infirmières et des aides soignants il est inquiétant de voir que des moyens seraient accordés à l’hôpital sans revoir son mode de fonctionnement ni s’appuyer sur une ville en voie de désertification galopante et enrayer cette désertification. Car l’hôpital de s’en sortira que s’il s’appuie sur une ville organisée.

Le mépris profond de l’administration pour la médecine libérale et de l’organisation de la ville en général

  • l’absence de masques et de protections, médecins, infirmiers ,auxiliaires de vie.
  • Les remerciements de Santé Publique France dans le cluster des Contamines pour le 15 le samu l’administration qui s’était mobilisée un vendredi soir à 20H mais pas un mot pour les libéraux qui avaient fait connaitre à l’ARS qu’ils libéraient des plages de consultations pour soulager les urgences de la région.
  • Le détournement systématique des cabinets libéraux par une incitation à appeler un centre 15 (vite débordé) et une incitation (par le PM) pour les malades chroniques à se faire renouveler leurs ordonnances directement chez le pharmacien.
  • Le triste épisode des primes où les internes effectuant leurs stages en médecine générale avaient été privés de prime dans un premier temps. (il a fallu protester pour que la chose soit rectifiée). Du même ordre, les anesthésistes réanimateurs libéraux qui ont permis au système de tenir avaient eux aussi été oubliés des primes réservées aux hospitaliers.
  • La compensation pour perte d’activité des libéraux nettement insuffisante

Ce préambule pour souligner que l’administration méprise profondément le travail des libéraux. Cette administration est la même qui avait organisé les fameux vaccinodromes de la grippe H1N1 et avait fait vacciner 6 millions de personnes alors que médecins et infirmiers en vaccinaient chaque année 12 millions dans leurs cabinets.

Les solutions :

UN SYSTÈME QUI MARCHE SUR SES 2 JAMBES, LIBÉRALE ET HOSPITALIÈRE

  • un hôpital qui ne fait plus ce qui peut être fait en ville et qui a les moyens de l’hospitalisation
  • des urgences qui ont les moyens d’accueillir les véritables urgences 

Cette fin de la concurrence ville hôpital passe par une véritable collaboration et une communication simple et rapide.

  • Une ville
    • qui a les moyens de prendre en charge les retours rapides d’hospitalisations et d’éviter les hospitalisations
    • qui a les moyens de prendre en charge les soins non programmés qui seraient régulés par un 116/117 et qui éviterait ainsi les 20 millions de passages qui n’ont rien à faire aux urgences

Il est important de rappeler ici que tous les syndicats de médecins libéraux demandaient un 116/117 libéral pour réguler les demandes de soins non programmés et leur apporter une réponse adaptée. Tous les projets déposés ont été gelés car il était demandé une valorisation de 15€ de ces actes régulés alors que c’est la première étape de la réorganisation des soins. (valorisation de 15€ à rapprocher des 250€ de Migac perçus par les services d’urgence à chaque passage )

Organisation de la ville

  • les moyens
    • d’enrayer la désertification
    • de la communication
    • de la coordination

Enrayer la désertification c’est redonner de l’attractivité à la médecine libérale, générale et spécialisée. 
Valorisation des actes mais valorisation d’un forfait médecin traitant qui permette un secrétariat présentiel, des locaux corrects pour l’accueil des patients et des internes pour leur faire découvrir un exercice libéral qui est passionnante à exercer et qui est tout sauf de la bobologie.
Valorisation des actes techniques spécialisés réalisé en cabinet.
Il a été beaucoup question de télémédecine pendant cette crise Covid. Ce qui a fait son succès a été la prise en charge intégrale à 100% par l’assurance maladie et c’est un élément important à prendre en compte .
Il a été également souligné le faible nombre d’actes effectués en télé-expertise : la solution est pourtant simple : prise en charge à 100% et possibilité de faire un acte facturé en dégradé et valorisation de la télé-expertise à au moins un C.

Le jour d’après ne doit pas ressembler au monde d’avant avec un hôpital qui fonctionne comme avant. J’ai, le premier, milité pour un effacement de la dette hospitalière mais pas pour qu’il continue à creuser le déficit .
Il doit s’appuyer sur une médecine libérale reconnue, revalorisée et libérée du poids d’une administration pléthorique et d’une protocolisation étouffante.

C’est ce que la FMF attend d’un Ségur de la santé bien mal engagé .