Les URPS, pour quoi faire ?

 Les URPS, c’est quoi encore ce truc ?

Probablement la formule la plus souvent entendue lorsqu’on parle de l’URPS aux collègues.

Et pourtant …

Issues de la loi HPST, les URPS ( auparavant URML ) sont les représentants des médecins libéraux sur leur territoire, et c’est donc en leur nom qu’ils seront les interlocuteurs de l’ARS, de l’Ordre et des collectivités territoriales régionales.

Limiter leur rôle aux seuls enjeux de représentativité nationale des syndicats sous-dimensionne largement leur champ d’action et prive potentiellement les médecins du territoire d’équipes multisyndicales motivées pour s’impliquer dans l’organisation de l’offre de soins du territoire. La politique de la chaise vide n’a aucun sens dans un système où les absents n’auront toujours que tort et où seuls les présents existent.
Élue depuis 5 ans, j’ai d’abord connu un climat électoral tendu avec des discussions sans fin sur le nombre de voix, de postes, d’influence, qui m’ont paru sans aucun intérêt.

Une fois les équipes en place, le travail a réellement pu commencer.
Nous sommes arrivés dans un climat difficile, la Loi Santé stigmatisait la médecine de ville, l’ARS était en pleine crise d’autorité, la profession en pleine déprime.
Il était évident que les élus devaient se retrousser les manches, effacer leurs étiquettes syndicales et se mettre au service des libéraux de terrain, malgré une opposition de principe et une méfiance viscérale à l’égard de toute forme de représentativité, méfiance d’ailleurs assez vive également au sein même des centrales nationales à l’égard des URPS.

L’URPS ne fait pas de politique, elle évolue dans un système mis en place par les politiques. L’URPS est la maison des médecins, la première des choses à faire est donc d’affirmer la place incontournable des libéraux dans le système, de leur donner des moyens pour réaliser leurs objectifs et leurs missions.

Nous avons donc, sous l’impulsion d’un bureau multisyndical et du président, fourni un travail colossal de présence, de prise de paroles argumentées, de propositions, dans les innombrables réunions avec les instances administratives, afin de redonner leur place centrale aux libéraux en rappelant, à chaque occasion, la nécessité d’entendre et répondre aux besoins du terrain, seul à posséder l’expertise nécessaire à une politique de soins efficace.

Si nous ne voulons plus d’une politique centralisée déployée sans nuances dans les territoires avec des modèles normés plaqués partout, il faut pouvoir faire des propositions.

Pour cela il faut donc connaître son territoire, ses ressources, ses besoins, il faut aussi se donner les moyens d’acquérir ces données. Nous sommes médecins, pas directeurs administratifs.
L’URPS s’est dotée d’un personnel administratif assez nombreux pour mettre en œuvre les projets, les suivre, malgré une présence des élus qui ne peut être constante.

Nous avons ainsi pu mener des actions aussi diverses que participer activement aux discussions sur le choix de l’outil e-parcours, finaliser une MMG libérale adossée au CHU, fonder l’association Med’Aides destinée aux soignants en souffrance ; mais nous avons aussi participé aux missions de prévention, développé des outils numériques répondant aux besoins exprimés des médecins de notre territoire.

La crise sanitaire de la Covid a été un test grandeur nature.
La réactivité du libéral a été remarquable, diverse selon les territoires, et notre URPS a tout mis en oeuvre pour faciliter les connexions entre terrain, collectivités territoriales, ARS et Assurance maladie et ainsi mettre en place sur les structures qui semblaient les plus adaptées à tous les acteurs.

Notre URPS s’est fortement impliquée dans la mise en place des CPTS, fournissant une aide logistique, juridique aux porteurs de projet. Structure agréée d’accompagnement, elle a rapidement acquis l’expertise permettant d’orienter et soulager les médecins dans le parcours administratif parfois complexe ; nous avons aussi mis en place une formation diplomante pour les coordonnateurs, qui nous semblait plus adaptée que la formation PACTE de l’état. 

Ces 5 ans m’ont appris qu’on peut « lutter de l’intérieur » sans brûler des pneus ou gueuler en boucle sur les réseaux sociaux. Notre arme la plus puissante est notre expertise, notre connaissance du terrain, l’intelligence, individuelle et collective fait le reste.
Mais attention, « Il n’est de richesse que d’hommes ».
Ainsi la condition sine qua non est de pouvoir constituer une équipe multisyndicale et soudée, décidée à défendre sans arrière-pensées les intérêts des médecins du territoire.

On ne satisfait jamais 100% de ses mandants, les conflits sont toujours possibles, l’échec n’est jamais loin.

Mais les médecins sont entendus.