JP Hamon invité sur Fance Info sur les déserts médicaux



Les deux candidats à l’élection présidentielle Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont quelques points communs dans leurs programmes, notamment sur la santé et la lutte contre les déserts médicaux. Tous les deux veulent augmenter, voire supprimer le numerus clausus et développer les maisons de santé. « On est très heureux qu’ils en prennent conscience, parce que là il y a vraiment le feu », a déclaré vendredi 5 mai sur franceinfo Jean-Paul Hamon, médecin généraliste, président de la Fédération des médecins de France (FMF). Selon lui, « le système de santé va mal. » Il réclame notamment « un plan Marshall » et un investissement massif sur la médecine libérale et de proximité.

franceinfo : Pensez-vous que les projets des deux candidats sont à la hauteur des enjeux de la santé au XXIe siècle ?

Jean-Paul Hamon : J’ai vu qu’ils étaient d’accord sur la question des déserts médicaux et qu’ils étaient extrêmement inquiets. On est très heureux qu’ils en prennent conscience, parce qu’il y a vraiment le feu. On voit que tout le monde est d’accord pour construire des maisons de santé pluridisciplinaires. Or ce n’est pas forcément la bonne solution car le vrai souci sera de trouver des médecins à mettre dans ces établissements. Vouloir augmenter le numerus clausus, c’est-à-dire augmenter le nombre d’étudiants, montre que les candidats ne connaissent pas les facultés où on tire au sort les candidats au concours.

franceinfo : Plus de médecins formés, des stages d’internat dans les zones à faible densité médicale… Les propositions des candidats trouvent-elles grâce à vos yeux ?

Jean-Paul HAMON : Le constat est terrible : rien ne marche. L’hôpital va mal, son personnel est en souffrance. La médecine libérale n’attire plus. Les jeunes ne s’installent plus. Neuf médecins sur 100 s’installent la première année en libérale. Les patients constatent qu’ils payent de plus en plus cher leurs cotisations pour des remboursements de plus en plus faibles. Le système de santé va mal. Il faut vraiment un plan Marshall. Nous demandons un investissement massif sur la médecine libérale et la médecine de proximité et faire en sorte que l’hôpital reste dans ses murs pour faire de l’hospitalisation. On demande que les étudiants fassent au moins un an en situation de responsabilité, chez un médecin libéral, généraliste ou spécialiste pour qu’ils prennent connaissance de l’exercice.

franceinfo : Un développement de la télémédecine, proposé par Emmanuel Macron, est-il pertinent ?

Jean-Paul HAMON : Ça fait moderne, mais il y a parfois des problèmes de débit, notamment pour certains médecins qui ont externalisé leurs fichiers sur Internet. Et parfois, ils n’y ont plus accès par manque ou coupure du débit,. Alors instaurons un vrai débit sur l’ensemble de la France. Cela serait un vrai progrès, avant de fantasmer sur la télémédecine.