Quand l’ambition personnelle sabote l’action collective.
Dans le champ syndical médical, où l’engagement repose sur la crédibilité, la constance et la parole donnée, deux pratiques sapent aujourd’hui nos forces : le nomadisme syndical et la double appartenance. Et il faut les nommer, parce qu’elles affaiblissent tout le collectif.
Le nomade syndical médical, c’est celui qui change de syndicat dès qu’une place plus visible semble à portée : bureau, titre, tribune. Il ne quitte pas son syndicat pour ses convictions, mais pour ses intérêts. Et pour justifier sa migration, il dénigre son ancien syndicat, caricature ses collègues, se pose en victime ou en visionnaire incompris. Ce comportement ne construit rien : il pompe l’énergie collective puis laisse derrière lui méfiance et division. C’est une trahison du sens même du mandat : défendre les médecins, pas son CV.
La double appartenance est encore plus corrosive.
Se revendiquer membre de deux syndicats médicaux, parfois adverses dans leur vision, c’est jouer des deux côtés, profiter de l’un quand l’autre ne sert plus, se placer où cela rapporte le plus. Cela crée des conflits d’intérêts permanents, des stratégies biaisées, des messages contradictoires. On ne peut pas prétendre défendre la profession quand on ne sait plus dans quel camp on parle.
Ces pratiques sapent la confiance, brouillent les orientations, et ralentissent les combats structurels : défense des conditions d’exercice, reconnaissance du travail médical, autonomie professionnelle. Le syndicalisme médical exige loyauté, clarté et constance — pas des jeux d’équilibriste. Cependant, l’appartenance simultanée à un syndicat horizontal (représentatif) et à un syndicat vertical de spécialité peut être cohérente lorsque les rôles sont clairement définis et assumés. Dans ce cas, cela ne fait pas trois syndicats : cela fait un engagement structuré + une expertise disciplinaire. La différence, c’est la transparence, la cohérence du discours et l’absence d’agenda personnel.
À l’inverse, certains médecins ont quitté leur syndicat d’origine pour en créer un autre, dans l’espoir de le fragiliser ou de le faire tomber. Ils pensaient que l’ambition personnelle pouvait remplacer la légitimité collective, que l’orgueil pouvait effacer l’histoire.
Mais l’histoire du syndicalisme médical est claire :
un syndicat qui reste fidèle à ses principes, à ses médecins, à ses valeurs, ne tombe jamais.
Les carrières passent, les noms changent, les stratégies opportunistes s’épuisent…
La constance, elle, demeure.
Je ne donne ici de leçon à personne : nous sommes tous faits, parfois, de doutes, de convictions, de contradictions, mais il y a une différence entre hésiter et trahir.
Et j’exprime ici simplement une conviction :
l’engagement syndical mérite loyauté, cohérence et respect.