Point-hebdo FMF du 29-01-2017

Chers amis,

Je commencerai par un erratum. L’association créée par notre regretté Yves Léopold se nomme APSS. L’AAPML que j’avais mentionnée est effectivement une ligne d’écoute et d’orientation pour les médecins en difficulté, mais elle a été créée par un autre Grand dans la profession : Eric Galam, qui oeuvre depuis longtemps pour la reconnaissance de la souffrance des médecins et la gestion de l’erreur médicale. Il est heureusement toujours bien parmi nous et vient d’ailleurs d’écrire un très bel éditorial dans la revue indépendante « Médecine ». Je le salue ici s’il me lit.


  • Le sujet de la semaine a été la négociation sur l’ouverture de congés-maternité aux femmes médecins libérales. Le principe en a été acté par notre Ministre de la Santé, dans l’espoir de lever un frein à l’installation des jeunes femmes. Mais toujours dans ses idées fixes, elle voulait le restreindre aux médecins en secteur 1, car un médecin qui s’installe en secteur 2, c’est caca-boudin. Pour nous, et pour les patients, un médecin S2, c’est toujours mieux que pas de médecin du tout, mais manifestement l’idéologie prime sur le service rendu à la population. Grâce à l’insistance des syndicats signataires, on s’achemine vers une ouverture également pour les médecins S2, avec peut-être un léger moindre versement. A suivre …
  • Cette semaine, la FMF a également tenu une conférence de presse, à destination évidemment des candidats présidentiables. Le thème central est de redonner à chacun sa place : l’hôpital centré sur les pathologies complexes, dans les murs et pas dans des cabinets externalisés en ville. Et aux libéraux, les moyens de délivrer des soins de qualité et de recevoir les patients non programmés, déchargés des tâches administratives par un secrétariat et une informatique communicante digne de ce nom. Si vous nous suivez sur cette ligne, venez vous exprimer lors des ateliers de notre congrès les 08-09-10 juin à Marseille. Réservez la date, le formulaire d’inscription arrive très vite.
  • Chacun à sa place, c’est aussi un message à l’Assurance Maladie, qui vient de convier les syndicats à son « Comité Scientifique Sophia » (1, 2, 3, 4). Sophia, vous savez, c’est le programme de coaching des patients diabétiques et asthmatiques, développé par la Caisse en mal d’exercice médical. Autour de la table, les administratifs de ladite Caisse et des médecins responsables syndicaux. Rien de bien scientifique donc (sans faire insulte à nos valeureux représentants qui se sont vu infliger 2 heures de diaporama). On y a appris que, seuls 10% des patients éligibles ont adhéré au dispositif (pourtant censé pallier un gros manque), qu’on observe une légère amélioration, non significative, sur les arrêts de travail, le recours au pneumologue et l’observance des traitements. Rien sur les critères cliniques, les seuls pertinents (mortalité, hospitalisation, évènements graves). Mais cela ne les décourage pas. On continue, l’amélioration viendra plus tard. Bon, si vous le dîtes … 270 infirmiers ont été embauchés pour Sophia. Les médecins libéraux qui peinent à trouver des infirmiers disponibles apprécieront. Et on a enfin réussi à obtenir un chiffre : coût de l’opération=52 euros par an et par patient adhérent. Moi aussi, je veux bien recevoir 52 euros par patient pour lui dire de faire ses prises de sang, son fond d’oeil, et de pratiquer une activité physique !
  • Quand elle ne joue pas au docteur, l’Assurance-Maladie endosse la tenue du juge. Les procédures contre les médecins « déviants » se poursuivent. Actuellement, c’est le DE qui est en ligne de mire. Pas pour vérifier qu’il est utilisé à bon escient, bien-sûr, mais seulement parce que tel ou tel médecin en fait plus que les autres. On a eu la même chose avec les arrêts-maladie à tel point qu’on arrive à des situations ubuesques. Un médecin du Vaucluse, sanctionné par deux fois pour « excès » d’Indemnités Journalières (IJ), a décidé de ne plus faire d’arrêt de travail du tout. Eh bien la CPAM porte plainte pour diffamation, parce qu’il a affiché dans sa salle d’attente les raisons de cette décision. Et le comble du comble : un médecin de la Sarthe se voit poursuivie pour excès d’IJ également, sur une période où elle était déjà contrôlée et où tous ses arrêts de travail ont été validés par le Médecin-Conseil ! Ils sont donc tous justifiés, mais elle en fait trop quand-même. Mais non, ce n’est pas une régulation comptable … Si vous recevez des courriers d’intimidation, voire en recommandé, contactez notre cellule juridique, la FMF est là pour vous aider. Surtout, ne vous rendez pas seul à la CPAM, et REFUSEZ absolument la « Mise Sous Objectifs » que le Médecin-Conseil vous propose gentiment.
  • Pour terminer, l’info pratique porte sur le paiement des tiers-payant. L’Art.59 de la nouvelle Convention stipule que si le médecin télétransmet, il doit être payé intégralement, même si la Carte Vitale n’est pas à jour, même si le patient a perdu ses droits entre-temps, même s’il n’a pas suivi le parcours de soins, même s’il n’a pas déclaré de médecin traitant. Et pourtant les rejets par les CPAM sont fréquents. Et si l’Assurance-Maladie s’occupait aussi de rembourser les soins ?

    Je vous souhaite une belle semaine.

Mise en ligne MN